Dans le vaste panorama du monnayage impérial romain, certaines pièces ne brillent pas uniquement par leur esthétique, mais par le message politique qu’elles véhiculent. Ce sesterce d’Antonin le Pieux, avec la déesse Salus sur le revers, est l’une de ces monnaies. Symbole de continuité, de bien-être et de légitimité, il témoigne d’un moment de stabilité rare dans l’histoire de l'Empire romain.
Une monnaie de bronze, reflet d’un règne serein
Frappé à Rome sous le règne d’Antonin le Pieux, ce sesterce mesure 33 mm de diamètre pour 23,43 g, avec un axe de 11 heures. Son état est proche de l’EF (Extremely Fine), avec une superbe patine brune homogène, qui met en valeur les reliefs du buste et du revers.
🔸 Avers :
La légende "ANTONINVS AVG PIVS P P TR P COS III" encadre le buste lauré d’Antonin tourné vers la droite.
Ce portrait, à la fois calme et déterminé, incarne la vision d’un empereur sage, attaché à la continuité dynastique et à la stabilité administrative. Le choix du titre COS III (consul pour la troisième fois) permet de dater précisément la frappe autour des années 141-143.
🔸 Revers :
Le revers représente Salus, divinité romaine de la santé publique et du salut de l’État. Drapée, elle se tient debout vers la gauche, nourrissant un serpent enroulé autour d’un autel à l’aide d’une patère. Elle tient dans l’autre main un sceptre vertical. La légende "SALVS AVG" souligne son rôle dans le bien-être de l’empereur et de l’Empire.
Les lettres "S C" dans le champ (Senatus Consulto) indiquent que cette émission fut autorisée par le Sénat, selon la tradition républicaine.
Ce type monétaire illustre parfaitement la volonté d’Antonin de souligner la stabilité sanitaire, politique et religieuse de son règne, dans une Rome en paix.
Antonin le Pieux, ou la paix par la continuité
Antonin le Pieux régna de 138 à 161 ap. J.-C., une période souvent qualifiée d’âge d’or. Successeur d’Hadrien et prédécesseur de Marc Aurèle, il fut l’un des rares empereurs à ne mener aucune guerre offensive. Son règne est marqué par la réforme juridique, le soutien aux provinces et une profonde religiosité.
Le choix de Salus comme figure centrale d’un sesterce frappé en bronze n’est pas anodin : il reflète un besoin de rassurer le peuple, de montrer que la santé de l’empereur est assurée, et que Rome est protégée — par les dieux, mais aussi par une administration stable et vertueuse.
Ce type monétaire s’inscrit donc dans une logique de continuité politique, tout en rappelant l’importance du culte impérial dans la cohésion sociale.
Un sesterce historique pour une collection raffinée
Ce sesterce d’Antonin le Pieux allie puissance symbolique, finesse artistique et excellent état de conservation. Il a été acquis chez Saslow Rare Coins en 1983, provient d’une collection privée et a été vendu pour 2 250 $ (environ 1940€).
Il figure parmi les meilleurs exemples de la propagande monétaire impériale du IIe siècle, et demeure une pièce incontournable pour tout collectionneur souhaitant explorer l’équilibre entre piété, politique et numismatique.
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